Comprendre le syndrome des ovaires polykystiques
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est dû à un dérèglement hormonal d’origine ovarienne et/ou centrale (au niveau du cerveau). Il entraine une production excessive d’androgènes, en particulier de testostérone, habituellement produites en petite quantité dans l’organisme féminin. Il en résulte une élévation du taux de testostérone dans le sang des femmes concernées. Le nom de cette maladie vient de sa description, effectuée dans les années 30, reposant sur l’observation de ce que l’on pensait être des kystes dans les ovaires des patientes. En réalité, il s’agissait de multitudes de follicules au développement inachevé.Quelles sont les causes ?
D’un point de vue purement physiopathologique, les chercheurs concentrent leurs recherches sur le système hypothalamo-hypophysaire. Situé au sein du cerveau, ce centre commande en effet la production de la FSH et de la LH, deux hormones produites par l’hypophyse, largement impliquées dans le processus ovulatoire. Il s’avère que dans le cas des ovaires micropolykystiques, on observe un taux de LH trop élevé tout au long du cycle des femmes atteintes. En outre, ce taux ne présente pas de pic au moment où l’ovulation devrait se produire. Parallèlement, les ovaires vont avoir tendance à sécréter trop d’androgènes, ce qui occasionne une augmentation du taux sanguin de testostérone. Mais les mécanismes à l’origine du dérèglement hormonal du SOPK ne sont aujourd’hui pas clairement identifiés.
Cependant, les différentes études menées sur le syndrome des ovaires polykystiques font état de causes multifactorielles faisant intervenir la génétique, mais aussi l’environnement. Il a ainsi été établi qu’une vingtaine de gènes pourraient prédisposer à ce syndrome endocrinien et que des antécédents familiaux augmenteraient de 30 % le risque de survenue du SOPK. Sur le plan environnemental, l’influence des perturbateurs endocriniens sur la santé n’a pu être encore démontrée. Pour avoir un traitement naturel CLIQUER ICILes symptômes de SOPK
Bien que le syndrome des ovaires polykystiques touche près de 10 % des femmes, il se manifeste pourtant de manière très disparate, pouvant aller d’un tableau clinique léger à une atteinte véritablement handicapante. Parmi les symptômes les plus couramment présentés, on peut citer :
- les troubles gynécologiques : cycles menstruels irréguliers (aménorrhée, oligoménorrhée…), des règles trop abondantes (ménorragies), une infertilité, une hypertrophie ovarienne… ;
- les troubles cutanés : pilosité excessive (hirsutisme), acné, perte de cheveux (alopécie) ;
- les troubles métaboliques : fatigue, prise de poids, obésité, insulino-résistance (diabète), hypertension artérielle.
Comment cette maladie hormonale est-elle diagnostiquée ?
Face à la diversité des symptômes et de leur intensité, le SOPK reste assez difficilement diagnostiqué. C’est pour faciliter le dépistage précoce de ce trouble endocrinien que des critères de diagnostic ont été formellement définis en 2013 à Rotterdam. La Société américaine d’endocrinologie et la Société européenne d’endocrinologie sont parvenues à un consensus selon lequel le diagnostic du syndrome des ovaires polykystiques pouvait être posé si au moins 2 des critères de Rotterdam cités ci-dessous étaient observés :
- une hyperandrogénie clinique ou biologique : acné, alopécie, hirsutisme ;
- une oligoanovulation ou anovulation : cycles inférieurs à 21 jours ou supérieurs à 35 jours ou cycles anovulatoires de durée normale, mais confirmés par dosage de la progestérone en phase lutéale ;
- une morphologie ovarienne à l’échographie : présence d'au moins un ovaire avec plus de 12 follicules de 2 à 9 mm et diamètre et/ou un volume ovarien supérieur à 10 ml sans kyste ni follicule dominant.
Quels sont les examens réalisés ?
Outre l’examen clinique et le questionnement médical du patient sur ses symptômes, le gynécologue va préconiser la réalisation de plusieurs examens avant de diagnostiquer ou non un syndrome des ovaires polykystiques :
- une échographie pelvienne : l’examen permet de visualiser la surface ovarienne et de détecter la présence éventuelle de follicules immatures ou d’un volume ovarien anormalement élevé ;
- un bilan biologique : dosage de la FSH, de la LH, de la prolactine, de la testostérone, de la TSH, de la glycémie, de l’insulinémie… En cas de SOPK, les résultats laissent généralement apparaître une inversion du rapport FSH/LH, une augmentation des androgènes et/ou une prédisposition à l’hyperinsulinémie (taux d’insuline anormalement élevé).
Si tous les signes convergent en direction d’un SOPK, le spécialiste devra toutefois exclure certaines pathologies de son diagnostic, susceptibles de présenter un tableau clinique similaire. C’est le cas, notamment, de l’hyperplasie congénitale des surrénales, de la dysthyroïdie, de l’aménorrhée hypothalamique, du syndrome de Cushing ou encore de l’insuffisance ovarienne prématurée.
Quels traitements pour les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques
Le SOPK ne bénéficie pas de traitement curatif. Seuls les symptômes qu’il entraîne font aujourd’hui l’objet d’un traitement, l’infertilité représentant généralement l’enjeu thérapeutique le plus prégnant dans la vie des femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques. Voici le type de traitement envisagé symptôme par symptôme :
- l’infertilité : les troubles de l’ovulation sont aujourd’hui largement traités avec du citrate de clomifène (clomid). Il s’agit d’un anti-œstrogène qui stimule l’ovulation en favorisant la maturation folliculaire. Un traitement à base de metformine y est parfois associé pour réduire le taux de testostérone. En seconde intention, des gonadotrophines exogènes injectables sont parfois utilisées. D’autres traitements pour les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques et donc d'infertilité sont aujourd’hui à l’étude, à l’image des inhibiteurs de l’aromatase qui présenteraient des résultats assez prometteurs dans ce domaine. En cas d’échec de la solution médicale, la voie chirurgicale est parfois empruntée via le drilling ovarien. Cette méthode consiste à « perforer » l’ovaire polykystique (OPK) pour en améliorer son fonctionnement. En dernier recours, une procréation médicalement assistée comme la fécondation in vitro (FIV) peut être programmée.
- l’hyperandrogénie : une contraception hormonale de type œstroprogestative est généralement instaurée chez les femmes touchées par le syndrome des ovaires polykystiques afin d’inhiber la production d’androgènes ovariens. En cas de contre-indication à ce type de contraceptif, des traitements alternatifs peuvent être instaurés pour les femmes atteintes de SOPK : anti-androgènes, laser contre l’hirsutisme…
- l’hyperinsulinémie : des mesures hygiénico-diététiques avec perte de poids sont recommandées en traitement de première intention. En cas d’échec, un traitement par metformine est mis en place chez les femmes présentant un prédiabète ou un diabète déjà diagnostiqué. Un suivi endocrinologique est bien sûr nécessaire.
Les complications possibles pour la santé des femmes
En impactant le système hormonal, le syndrome des ovaires polykystiques touche non seulement les ovaires, mais également l’ensemble de l’organisme. À ce titre, le SOPK peut donc avoir des répercussions importantes sur la santé et la vie des femmes touchées. Parmi les complications les plus fréquemment observées, on note :
- l’infertilité ;
- le risque accru de fausse-couche et d’accouchement prématuré ;
- le diabète gestationnel ;
- le risque de diabète de type 2 ;
- le syndrome de l’apnée du sommeil ;
- l’hypertension artérielle ;
- certains cancers féminins (sein, ovaire, endomètre…) ;
- l’hypertriglycéridémie ;
- l’hypercholestérolémie ;
- le syndrome dépressif ;
- la thrombophilie…